jeudi 7 février 2013

L'ITF met-elle réellement tout en place pour garantir un tennis propre?


L'ITF prétend mettre en place tout ce qui est nécessaire en terme de contrôles antidopage afin de s'assurer que le tennis reste un sport propre. Qu'en est-il vraiment...

Tout d'abord quelques chiffres...


Au cours de l'année 2011, 2'150 contrôles ont étés effectués. Parmi ces 2'150 contrôles, 131 étaient des contrôles sanguins! Sur ces 131 contrôles sanguins, 21 ont été effectués hors compétition!

A titre de comparaison, dans le cyclisme, 15'700 contrôles ont étés effectués en 2009! Sur ces 15'700 contrôles, plus de 7'400 étaient des tests sanguins! Sur ces 7'400 contrôles sanguins, 6700 ont été effectués hors compétition!

Le budget annuel pour la lutte contre le dopage est de 1,3 millions d'euros pour le tennis alors qu'il s'élève à 5 millions d'euros dans le cyclisme!

Le budget consacré pour la lutte antidopage par l'UCI est donc considérablement plus élevé que celui de l'ITF!  Le nombre de contrôles dans le cyclisme est également beaucoup plus élevé que dans le tennis. 

Malgré tous les contrôles effectués par l'UCI, des réseaux de dopages très performants ont été mis en place et ont permis à des cyclistes de premier plan de se doper pendant des années sans jamais se faire prendre (affaire Amstrong et Rasmussen notamment)! 

En voyant la faible quantité de contrôles effectués par l'ITF et le petit budget destiné à la lutte contre le dopage, il paraît évident que les moyens mis en place par l'ITF sont pour l'instant insuffisants!


Le nombre de contrôles sanguins diminuent!


Depuis 2006, le nombre de contrôles sanguins effectués a diminué de 33%. 

La déclaration suivante de Djokovic confirme cette tendance:
Je n'ai pas subi de contrôle sanguin depuis six ou sept mois. C'était plus régulier il y a encore deux ou trois ans. Je ne sais pas pourquoi ils ont arrêté.

Le principal problème des contrôles effectués par l'ITF réside dans le fait que très peu sont des tests sanguins. Hors certaines substances ne sont pas détectables uniquement lors de contrôles urinaires. C'est notamment le cas des hormones de croissances (qui ne sont plus détectables après 3 jours) et des stéroïdes. 

D'ailleurs certains joueurs n'ont jamais été soumis à aucun contrôle sanguin au cours de leurs carrières... C'est notamment le cas de Mike Bryan, le frère de Bob. Ensemble ils ont remporté 86 de tournois (dont 13 titres du grand chelem) et la médaille d'or aux jeux olympiques!

La faible quantités de tests sanguins effectués hors compétition permet donc de penser qu'un joueur qui prendrait des hormones de croissance lors de phases de préparations (donc hors tournois) et qui arrêterait d'en prendre à l'approche des tournois aurait très peu de chance de se faire prendre!

Un "petit détail" concernant ces tests sanguins dans le tennis: le gagnant d'un tournoi ne subis pas automatiquement un contrôle sanguin! Il l'est uniquement si l'ITF en fait la demande, ce qui arrive très rarement... surprenant non!?



Et qu'en pense l'ITF?


L'ITF à deux missions: promouvoir le tennis et s'assurer que le tennis reste un sport propre. Mais y aurait-il au final un conflit d'intérêt entre ces deux objectifs?

Car le tennis est un sport très populaire et qui reste, dans l'esprit des gens, un sport étant considéré comme très peu concerné par le dopage (évidemment, au vue du peu de joueur contrôlés positifs...). Ainsi, si un top player tel que Nadal, Federer ou Djokovic venait à être contrôlé positif, nulle doute que le résultat en terme d'image pour le tennis serait désastreux!

L'ITF chercherait-elle donc à protéger son sport d'un éventuel scandale lié au dopage?

Voici différents extraits d'interview du Docteur Stuart Miller (Ce Docteur est la personne en charge du programme antidopage de l'ITF depuis plusieurs années):


En 2009 au New York Times :
Ce que l'on voit d'ordinaire en sport, c'est quelqu'un qui cherche à optimiser un élément de la performance physiologique, comme la force, la puissance, l'endurance, la vitesse. Les joueurs de tennis sont bons dans toutes ces catégories, mais ils n'essayent pas de les optimiser...

En 2012 dans l'International Tennis Magazine:
Au tennis il n'y a rien que vous maximisez particulièrement. Je m'en tiens à la notion que le tennis ne se prête pas à l'utilisation d'une catégorie particulière de produits améliorant la performance.

Après avoir lu les déclarations du Docteur Stuart Miller, on peut se poser certaines questions:
  • l'ITF prend-t-elle vraiment le problème du dopage dans son sport au sérieux?
  • Comment est-il possible qu'un organisme en charge de la lutte contre le dopage suppose que son sport est propre en fonction de ses propres points de vue sur les joueurs de tennis? 
  • Comment peut-elle être crédible en estimant qu'il n'est pas nécessaire d'effectuer des contrôles plus poussés pour détecter les médicaments qui aident les joueurs à augmenter leurs performances dans certains domaines?
Que faut-il donc en déduire:
  • Que ce Dr. Stuart Miller est complètement naïf? 
  • Ou alors que l'ITF fait en sorte de ne pas effectuer des contrôles plus stricts afin de ne pas créer de scandale de dopage dans le tennis et ainsi ternir l'image d'un sport ayant bonne image auprès du public?

L'ITF couvrirait-elle des cas de dopage?


Le système de contrôle antidopage actuel n'est pas très au point! Et cela est dû au fait que les codes de la WADA (World Anti-Doping Agency) permettent aux signataires de ce code (dont l'ITF) de choisir d'annoncer ou non des suspensions provisoires. Une suspension provisoire doit être appliquée après la découverte d'un échantillon A confirmé positif. 

Ainsi l'ITF pourrait sans autre décider de ne pas annoncer la suspension provisoire d'un joueur testé positif lors d'un premier contrôle! Il est donc clair que ce genre de "lacunes" offre aux organisations sportives la possibilité membres de la WADA de cacher au grand public certains échantillons positifs! 

On peut donc se demander pourquoi cela est-il encore autorisé? Pourquoi donner aux fédérations sportives la possibilité de cacher des cas avérés de dopage?

L'ITF utilise d'ailleurs très bien cette possibilité puisque depuis 2007, l'ITF a annoncé 53 tests positifs. Mais sur ces 53 tests positifs, seulement 21 cas ont étés considérés comme étant des violations aux règles antidopage! Les autres tests positifs ont été considérés comme des cas d'utilisation de produits à des fins thérapeutiques! Ainsi plus de 50% des joueurs ayants étés contrôlés positifs ont étés relaxés...

Ce qu'en pensent les joueurs


Les joueurs demandent d'avantage de contrôles sanguins:

Federer en novembre 2012, juste avant les Masters de Londres:
Je suis moins testé qu'il y a six ou sept ans et je ne sais pas vraiment pourquoi... Je jouais bien, j'étais en forme, et personne n'a jugé utile de vérifier que c'était normal, a raconté Federer à propos d'un contrôle sanguin qui n'est jamais intervenu après sa victoire à Indian Wells. Idem à Dubaï et à Rotterdam: j'ai tout gagné et je n'ai subi aucun contrôle. Je ne dis pas que mes performances étaient suspectes, mais un sport qui aspire à une réputation irréprochable devrait au moins contrôler ses vainqueurs, tous ses vainqueurs, sans exception. Je ne connais pas d'autres moyens de dissiper le doute."

Murray en octobre 2012:
"On n'a pas l'habitude dans le tennis de faire beaucoup de tests antidopage à partir d'une prise de sang mais je crois que c'est quelque chose de nécessaire. [...] Il y beaucoup de tests pour les meilleurs joueurs mais dès que le classement est un peu moins bon, j'ai l'impression qu'il n'y a plus grand chose. Il me semble que c'est seulement les membres du Top 50 en simple et du Top 10 en double qui sont régulièrement contrôlés. Et puis je pense aussi qu'il faudrait faire plus de tests lors des périodes où les joueurs ne sont pas en compétition. Par exemple en décembre, lorsqu'on prépare la nouvelle saison, je pense qu'il serait bon que les joueurs soient plus contrôlés à ces moments-là."



Ma conclusion:


Il paraît clair qu'actuellement les moyens mis en place par l'ITF sont insuffisants.

L'ITF semble même chercher à minimiser le possibilité qu'il puisse y avoir des problèmes de dopage dans le milieu du tennis, puisque selon le Docteur Stuart Miller: Ce que l'on voit d'ordinaire en sport, c'est quelqu'un qui cherche à optimiser un élément de la performance physiologique, comme la force, la puissance, l'endurance, la vitesse. Les joueurs de tennis sont bons dans toutes ces catégories, mais ils n'essayent pas de les optimiser...". 

Dans le cyclisme, les contrôles sont beaucoup plus nombreux, notamment les tests sanguins et cela n'a pas empêché des réseaux de dopages très performants de voir le jour et de permettre à des cyclistes de se doper pendant des années! 

Comment le tennis pourrait-il donc être considéré comme un sport propre alors que les contrôles sanguins sont peu nombreux, voir même pratiquement inexistant hors-compétition et qu'il est donc très facile pour un tennisman de prendre certains produits tel que des hormones de croissances sans courir le moindre risque du moment que les "traitements" sont effectués hors compétition et que le joueur ne prend plus de produit 3 jours avant le début d'un tournoi.

Au final, les joueurs réclament plus de contrôles sanguins... mais l'ITF va-t-elle réagir et répondre à leur demande ou va-t-elle continuer à faire l'autruche?

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